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29 Avril 2024
Voilà voilà après être remontée vivre dans des contrées nordiques depuis mon départ de Marseille, je me suis accordée une pause exotique dans mes pérégrinations normando-bretonnes! Eh oui j'ai eu la chance de décrocher un contrat de 2 mois d'observateur des pêches thonières et je suis donc partie le 30 décembre direction l'Afrique pour embarquer au port d'Abidjan sur un thonier français. Et donc comme promis de retour en France après 2 mois et demi de mer jva vous compter mon périple! florence2
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Le choc thermique fut surprenant une fois descendue de l'avion, 35°C un 31 décembre je n'avais jamais vécu ça, moi la fille du nord qui était partie la veille de Lille sous la neige!

Deuxième choc, à peine passée les portes de l'aéroport, je découvre l'Afrique, enfin disons une grande ville d'Afrique, avec sa saleté, sa désorganisation routière hallucinante et l'harcèlement de la population locale pour obtenir un peu d'argent de la part de tous les européens qu'ils croisent!

Sur la route jusqu'au port, dans notre minibus, je découvre un peu plus mon équipage français et l'ambiance de marin, je rigole bien et je commence déjà à me faire sérieusement taquiner, je me dis que les 2 prochains mois risquent de promettre!
Arrivée au port de pêche d'Abidjan, nous prenons nos quartiers sur notre thonier, le « Via Avenir » de l'armement Saupiquet, eh oui la prochaine boite de thon saupiquet que vous mangerez et bien peut-être que j'aurais vu l'individu encore vivant ayant servi à sa confection! J'ai de la chance je suis sur l'un des plus grands thoniers naviguant dans le golfe de Guinée et il a vraiment fière allure!

Après le dîner et avoir découvert le reste de l'équipage qui est africain (16 hommes), les marins français me proposent une sortie nocturne dans Abidjan, je suis fatiguée mais je me dis que le lendemain on part pour 8 semaines de mer, c'est le moment ou jamais pour découvrir un peu, puis rien de tel pour s'intégrer à l'équipage moi qui vais être la seule fille à bord durant la marée! Nous voici donc partis à 8 dans un taxi de 6 places (ambiance à l'africaine) direction le St-Germain, qui, je ne le saurais qu'une fois arrivée et en fait un bar à putes, eh oui qu'est-ce-que je m'imaginais moi, je suis avec des marins, bretons de surcroît! Après quelques heures dans l'ambiance sulfureuse des boites de nuit Abidjanaises et quelques bouteilles de whisky descendues nous rentrons au port, mes marins sont en charmante compagnie (on a du prendre 2 taxis cette fois!) et totalement bourrés, sur la route on subit barrage militaire sur barrage militaire pour contrôle des papiers, on se fait voler nos passeports par un militaire et on doit payer 50 000 Francs CFC chacun pour les récupérer (vive la corruption!!!). Bref mon intégration est réussie, mais je me dis que l'Afrique ça craint et j'ai hâte de prendre la mer!  florence3
Lendemain matin 8h, tout le monde sur le pont, on largue les amarres, l'aventure commence, nous sortons de la lagune d'Abidjan direction le grand large et plein sud. Au cours de cette marée j'ai passé à plusieurs reprises l'équateur, ça m'a permis de voir si le tourbillon d'eau qui se vide dans le lavabo change bien de sens de rotation (merci Coriolis!), je me suis retrouvée au beau milieu de l'atlantique par 17°O et nous avons bien sillonné le golfe de Guinée de tous côtés pour chercher les thons. Parfois nous étions des semaines sans croiser d'autres bateaux, puis lorsque de gros thons étaient signalés c'était la guerre, on se retrouvait à 20 thoniers (français, espagnols, coréens) sur zone à faire du bateau tamponnant pour attraper les thons. C'était impressionnant et effrayant car les capitaines se frôlaient à moins de 5m les uns des autres, autant dire que lancé à 15 nœuds avec des thoniers de plus de 70m de long la moindre collision aurait eu des conséquences graves!

J'ai appris énormément durant cette aventure sur la pêche et les marins. La pêche au thon est très technique avec son immense filet de 1500 m de long et de plus de 200 m de profondeur, et aussi assez dangereuse dès que quelque-chose se passe mal avec les câbles ou le filet. Les forces mises en jeu sont colossales, et quand les gars vous racontent les accidents qui se sont produits sur les thoniers ça fait froid dans le dos. J'ai acquis énormément de respect pour les marins et j'ai pu découvrir qu'ils n'étaient pas les inconscients qu'on essaie de nous faire croire à l'université. Ils savent très bien que leur pêche n'est pas toujours sélective, et que l'on pêche trop, j'ai même entendu sortir de leur bouche qu'ils sont pour des quotas à la pêche au thon en Atlantique, car en 40 ans de pêche ils ont vu la ressource diminuer, mais on en revient toujours au même, ce sont les armements qui décident et cherchent à faire le plus de profits possible, toujours des histoires de gros sous...

 J'ai eu un équipage français et africain génial, qui certes me taquinait beaucoup mais toujours au petit soin avec la « fille du bord », j'ai participé à toutes les tâches à bord, cuisine, lessive, ménage, potasse, réparation du filet, peinture, quart de jour, quart de nuit, recherche des thons aux jumelles … Bref j'ai été un marin quasiment à part entière et j'ai adoré ça. J'ai vu des dauphins de toutes espèces, une baleine, des tortues, des requins, des dorades coryphènes, et évidemment des thons.

Mon seul regret est de ne pas avoir pu plonger dans ces eaux à 30 degrés peuplées de toutes ces bestioles, mais bon j'étais là pour le travail et sur un bateau ya pas de jours de congé, ni jours fériés, ni week-end, c'est 8 semaines non stop de 5h à 19h.

Voilà cet article n'est qu'un échantillon de ce que j'ai vécu là-bas et de ce qui est la meilleure expérience que j'ai vécu jusque maintenant, si on me demande de repartir demain je repars! J'aurais encore beaucoup de chose à vous faire partager, mais je garde ça pour quand je viendrais vous rendre visite !!!

Prenez bien soin de vous mes morses adorés, gros bisous à tous !

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