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29 Avril 2024

Vous m'avez déjà oublié je n'en doute pas. Les plus jeunes et les nouveaux ne me connaissent déjà plus. La bouillabaisse de mon départ est un lointain souvenir. C'est pourquoi je me sens obligé d'une petite bafouille sur la plongée à Nairobi pour tenter de regagner un peu d'estime de votre part, raviver quelques neurones avant qu'ils ne soient trop noyés de pastis. Et croyez-moi, ce n'est pas simple. A 1800 mètres d'altitude et six heures de la mer, même pendant la saison des pluies, il n'y a pas grand monde pour plonger.

Heureusement, je m'occupe de projets eau notamment pour l'alimentation de la capitale (5 millions d'habitants quand même) et j'ai la chance parfois de me promener pour visiter (je veux dire surveiller) l'avancement des travaux. Donc me voilà parti pour le barrage de Sasumua à 70 km de la capitale en direction des Aberdares.

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Baudrier et chaussure de plomb

C'est une des principales retenus d'eau de Nairobi. Je comprends que lors d'une pluie extrême la terre de chaque côté du barrage avait été rongée par les crues. Heureusement l'Agence française de développement était là pour réparer les dégâts. Mais il reste quelques travaux sur la tour située au milieu du lac et qui sert de prise d'eau pour la station de traitement. Au pied de cette tour, à moins 50 mètres, il y a deux conduites qui permettent de vider le barrage en vitesse en cas de crues imprévues. Il faut changer quatre valves (deux coniques et deux valves porte, je fais mon savant !) de 1,5 tonne chacune. Un petit boulot sous marin pour le têtard, mais il semble malheureusement avoir pris sa retraite

A défaut du têtard, ce sont des chinois qui s'y collent. Ils ont commencé par demander à ce que l'on baisse le niveau d'eau au maximum mais il reste 32 mètres quand même ! Je suis curieux de voir comment ils vont s'y prendre et je me dis que peut être voilà ma chance de mettre la tête sous l'eau. Aussi, j'amène quand même combi, palme, détendeur... L'endroit est sympathique, très vert, peuplé d'éléphant me dit t'on, mais à plus de 2500 mètres quand même. Alors l'eau est tellement chargée que l'on ne voit pas sa main et la température ... c'est l'équateur mais il peut faire froid.

La barge des chinois est amarrée à la tour. Et la stupeur: je m'aperçois qu'ils ont piqué la technologie du têtard, sans doute lors de son passage en RDC. A moins qu'ils l'aient copiée dans Tintin et le trésor de Rackam le rouge. J'aperçois des souliers de plomb et un casque que l'on visse sur un scaphandre alimenté il est vrai par de l'air compressé. Pas besoin de pomper comme les Dupond - Dupont. Mais tout de même, même mon ami Jean Claude passerait pour un avant gardiste avec sa bouée fenzy. Enfin, je ne me moque pas trop car il s'agit de plonger dans le noir total (vu la turbidité de l'eau) et en plus ils sont censés dégager l'entrée de la conduite d'une gaine en ciment à la main (marteau et burin).

En effet, le tuyau de leur marteau piqueur ne fait que vingt mètres. Pour travailler à moins trente deux mètres, ce n'est pas très pratique...

 RemyNairobi3Allez les Dupond, pompez

Quand à moi, l'honneur est sauf : je n'avais pas imaginé qu'ils travaillaient sans scaphandre autonome. Donc pas de bouteille, pas de plongée. Ouf ! Enfin, mon problème n'est toujours pas résolu : soit je me mets au scaphandre de tintin, soit il faut que je trouve une autre solution...