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30 Avril 2024

 

Septembre, c’est le mois où les deux millions de gnous choisissent de retourner vers les Serengeti après un bref séjour dans le Masaï Mara. Vous les avez sans doute déjà vus sur le petit écran traverser la rivière Mara. J’aurais tant voulu voir ce spectacle l’an dernier, mais pas de chance, au moment précis où les bêtes s’apprêtaient à traverser, j’avais été obligé d’aller secourir des camarades embourbés dans un ruisseau. Une toyota bien entendu.

Cette année, deuxième chance. Le Moutain Club of Kenya organise à nouveau la semaine « special campsite » dans le Mara Triangle. L’idée est de réserver un camping au milieu de nulle part pour une semaine, et viens qui veut, quand il veut. Cette fois ce sera Maji Ya Ndege, coincé entre un marais rempli de hérons, grues, jacanas … et la rivière Mara, dans un bosquet bien ombragé. Super !

Cela prend la meilleur partie d’une journée pour rejoindre le Mara depuis Nairobi, mais la route est plutôt bonne et peu encombrée, bref pas trop stressante. A peine passé la porte, nous apercevons une zone herbeuse avec pléthore de girafes, éléphants, zèbres, élans, topis, phacos, buffles … Je ne vais pas vous embêter avec tout ce que j’ai vu, le Masaï Mara est tellement extraordinaire que vous n’y venez pas pour simplement voir les animaux. Il y a une telle profusion que vous venez pour voir des scènes exceptionnelles !

Et ma fois on est servi : des lions sur une carcasse, des vautours qui se chamaillent avec des chacals pour les restes, une hyène qui court avec une patte dans la gueule, un lion qui grimpe à un arbre … oui, on a eu droit à tout cela.

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Regardez ce que j’amène pour l’apéritif

Plus la fameuse traversée de la rivière Mara et tous les jours cette année ! Alors que l’an dernier avait été une suite de frustrations, cette fois tous les matins vers 7h30 nous arrivons pour voir des troupes gigantesques de gnous s’agitent sur l’autre rive. Et devant la pression des nouveaux arrivants qui arrivent d’aussi loin que l’on puisse voir sur l’horizon, le troupeau grandi, les meuglements s’amplifient et le mouvement un temps stoppé par la rivière reprend.

Le dernier jour pendant plus de deux heures, nous les voyons littéralement sauter dans la rivière dans un nuage de poussière, et nager de manière frénétique vers la rive opposée, grimper la berge complètement shootés à l’adrénaline et repartir en file interminable vers le Sud. Quelques zèbres se mélangent avec eux, des hippopotames les observent mais surtout des crocodiles gigantesques leur font une macabre haie d’honneur.

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Rien de tel qu’une plongée entre amis

Bien entendu, ce qui doit arriver arrive : celui qui passe trop près des énormes mâchoires se voit inévitablement happé par le reptile. Nous assistons à cette tragédie vingt fois ? trente fois ? les malheureux gnous se débattent du mieux qu’ils peuvent pour ne pas être noyés, mais rares sont les survivants. Et les morts sont souvent abandonnés par les crocodiles, qui retournent immédiatement au banquet à la recherche d’un autre morceau de choix.

Le plus triste est de voir les petits gnous qui restent à meugler sur la berge opposée pour appeler leur mère, de qui ils viennent d’être séparés. Pas facile au milieu d’une telle foule, et ils paniquent, se jettent à l’eau pour retraverser dans l’autre sens … les crocodiles semblent avoir un sixième sens pour les repérer et peut être, n’est-ce pas plus mal que de mourir lentement orphelin dans la savane. Le spectacle est à la fois grandiose et tragique.

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Aussi vorace qu’un morse

Nous l’alternons avec des grandes virées dans le parc entre les colonnes de gnous, à la recherche des lions, guépards et léopards. Certains ont plus de chances à ce jeu que d’autre. Par deux fois, nous grimpons l’escarpement pour profiter d’une vue vers les plaines sans fin du Serengeti. Les journées se terminent par une pause au coucher du soleil avant le retour au camp.

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Nous irons tous en Tanzaniiiie

Puis, ce sont les soirées au feu de camp à goûter les bons petits plats de Moses, mon cuisinier, à préparer les prochaines aventures. Les nuits dans les tentes sont emplies des bruits les plus divers : une famille de hyènes qui rient comme des démentes, des rugissements de lions dont on se rassure en pensant qu’ils sont de l’autre côté de la rivière. Enfin, c’est ce que les deux rangers qui nous rejoignent chaque soir nous disent.

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Santé camarades !

Deux scènes pour la fin. La première, je suis réveillé en pleine nuit par des branches qui craquent tout près de ma tente. J’entrouvre la porte et glisse l’objectif de mes jumelles de visions nocturnes puis j’essaye d’ajuster. Apparaissent à quelques mètres une défense et une trompe. L’éléphant est si près que je n’arrive pas à le voir en entier ! Je retiens mon souffle et essaye de garder mon calme. Petit jeu auquel il gagne haut la main. Imperturbable, il finit son casse croute avant de continuer vers un autre arbre plus éloigné, ouf …

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Depuis la voiture …

La seconde le lendemain matin, je m’éloigne vers des buissons armé d’un rouleau de papier toilette chargé de feuillet triple épaisseur quand j’entends un rugissement juste en face de moi. C’est certain, ce n’est pas de l’autre côté de la rivière et je ne pense pas qu’un confetti de rouleau de pécu amuserait Monsieur Lion. Aussi, je retourne sagement vers ma fidèle land rover dans lesquels mes camarades se sont déjà enfermés. Je démarre pour aller voir et en avoir le cœur net. A peine trente mètres, et nous voyons débouler un superbe mâle. Il entreprend la tournée de marquage de son territoire, ce qui consiste à pisser copieusement sur tous les buissons et à rugir à intervalle régulier.

brousse7C’est certain, il est chez lui. C’est peut être le bon moment de rentrer à Nairobi.