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28 Avril 2024
C'est les vacances, une semaine : parfait pour une virée dans le Nord Kenya, cette région semi-désertique que personne ne connait vraiment, mais qui représente près de la moitié du Pays et qui fourmille d'histoires de bandits et d'escarmouche entre clans pour le rapt de quelques vaches. En plus, cette fois c'est moi qui organise aussi il ne faut pas que je me trompe !

Renseignements soigneusement pris auprès des vétérans du club et surtout de Google, mon ambition se fixe sur les Monts Poi et Baio ... Il semble qu'il y ait moyen de camper à Ngurunit. Je trouve même un séminaire organisé en août par des Suédois avec un appel à contribution et un email. A tout hasard, j'écris en précisant que je cherche simplement des renseignements et que je n'ai aucune intention de participer au séminaire. Un certain Steven me répond fort simplement. Rendez vous est pris pour le mardi au marché aux bestiaux de Merille.

Renseignements soigneusement pris auprès des vétérans du club et surtout de Google, mon ambition se fixe sur les Monts Poi et Baio ... Il semble qu'il y ait moyen de camper à Ngurunit. Je trouve même un séminaire organisé en août par des Suédois avec un appel à contribution et un email. A tout hasard, j'écris en précisant que je cherche simplement des renseignements et que je n'ai aucune intention de participer au séminaire. Un certain Steven me répond fort simplement. Rendez vous est pris pour le mardi au marché aux bestiaux de Merille.

Ce marché est situé à la toute extrémité du tarmac sur la route de Marsabit. Et c'est un sacré spectacle : tous les Samburus des alentours y viennent pour vendre moutons, chèvres, zébus et dromadaires aux marchands de la capitale venus avec leur camions. Et c'est l'occasion de montrer son plus beau costume. Et pour cela, les Samburus avec leurs multiples colliers de perles partout et leur coiffe de plumes ou leurs cheveux graissés d'un mélange de terre rouge et beurre, ils sont imbattables au Kenya. Et quelques armes du casse tête à la sagaie en passant par le vieux fusil jusqu'au traditionnel AK47 pour ne pas faillir à la tradition des éleveurs nomades.

Le temps de l'attente à observer les transactions et le chargement des bêtes, les dernières modes en matière de motifs et de coiffures passent rapidement. Et voilà le camarade Steven qui arrive : surprise, il a une voiture officielle et c'est en fait le « Ministre » régional de l'éducation ... Me voilà donc sous bonne escorte pour rejoindre Ngurunit ! A partir de maintenant, ce n'est que de la piste pendant trois heures dans un paysage aride mais magnifique...

Mont Poi

Sa majesté Mont Poi, 800 mètres de falaise 

 

DrmomadairesDromadaires bondissant à l’idée de boire,

après dix jours sans un verre d’eau il est vrai…

Il faut contourner la chaine de Matthew, traverser la rivière asséchée de Milgis avant de commencer à apercevoir les Ndoto moutains et le spectaculaire Mont Poi. Ngurunit est étrangement un lieu très vert, avec des arbres partout, niché entre les montagnes et à la lisière du désert de Chalbi. Une oasis qui attire tous les troupeaux de dromadaires à des kilomètres à la ronde une fois tous les dix jours pour étancher une soif bien compréhensible.
On s'attroupe, on joue des coudes, on blatère à qui mieux mieux autour du puit ... tiens cela me rappelle de quelques bons souvenirs avec d'autres mammifères tout aussi assoiffés. Les Morans (guerriers) Samburus ont creusé des puits dans le sable du lit de la rivière et hisse seau après seau l'eau en chantant dans des abreuvoirs pour leurs bêtes. Je n'ai jamais vu autant de dromadaires de ma vie, c'est certain.  

Drmomadaires2Cela blatère sec, pourtant ce n’est que de l’eau.

Mont Aldera en arrière plan

Le camp est planté pas loin des puits, rendez vous est pris avec les guides désignés pour le lendemain cinq heure. Mont Poi, ce n’est pas rien. La montagne me fait un peu peur, c’est un sacré monument : la plus grande « bread loaf mountain » du monde parait-il. Je n’arrive pas à savoir s’il nous faudra un ou deux jours.

Départ à l’aube. Et à un train d’enfer, car la chaleur monte vite aux portes du désert. Le rythme est à peine ralenti par les buissons épineux (« wait a bit ») qui obligent à s’arrêter et faire marche arrière pour se libérer sans déchirer sa chemise … Un premier raidillon sévère, puis la falaise. Le plus extraordinaire est que les Samburus ont aménagé un chemin pour amener leurs vaches en cas de sécheresse au sommet qui est plat et très herbeux. J’imagine difficilement comment ils arrivent à conduire leur troupeau au sommet, sacré exploit.

Record battu, dixit les guides, moins de 4h30 pour atteindre le sommet. Je suis épuisé mais soulagé de ne pas avoir à dormir au sommet. Encore que, il y fait beaucoup plus frais. La vue est extraordinaire, j‘aperçois à peine ma voiture garée près d’une manyatta en contrebas.

 

Le lendemain, c’est repos. Nous nous rendons à Baio pour négocier l’accès à la montagne. Dans une hutte, nous passons plus d’une heure à essayer d’obtenir un tarif normal pour grimper Baio. Mais rien à faire, les anciens sont inflexibles. Tant pis pour eux, ce sera une autre montagne : Aldera. Pour autant, je me suis régalé dans cette négociation infructueuse car c’était aussi le moyen de découvrir un village typique. Et en plus, j’ai eu droit à un collier !

 

baioA défaut de grimper Baio … me voilà décoré

elephantsElephant crossing, je crois que je ne suis pas très bien garé …

Aldera est un peu plus facile que Poi, mais ce ne sont pas mes jambes qui s’en plaindront. Une semaine sportive s’il en est. La montée se fait le long d’un ruisseau et à l’ombre, l’arrivée dans les nuages. La vue se fait désirer, ce qui est un peu dommage, mais la vue sur Ngurunit en contre bas est superbe.

Voilà, il est temps de rentrer. Deux jours de route quand même avec un arrêt dans les réserves de Samburu et Shaba pour voir quelques troupeaux d’éléphants, de girafes réticulées et de zèbres de Grévy… L’endroit est magique et j’apprends que l’on peut grimper sur la montagne de Shaba avec des rangers. De quoi occuper une prochaine expédition !