Le coin des Morses

Début septembre, c'est la pré-rentrée, donc encore du temps-libre et une belle météo!

Une occasion en or pour tenter une plongée rare et pourtant si accessible: le Liban, au "sunset" comme disent les Morses branchés! Sur une idée originale de Miss Véro, mise en musique par l'habituel "noyeau dur" du club, les amarres sont larguées sur le coup de 18h30. In-extrémis pour encore bénéficier des dernières lueurs de notre astre rougeoyant... la "faute" aux Clermontois que nous avons attendus mais qui n'en finissaient pas d'arriver!

Tanpis, ils feront une plongée de nuit, en seconde rotation!

Ma palanquée est à l'eau, juste au dessus de l'épave: Bruno, Mario et moi glissons lentement vers les eaux plus fraîches du fond. Martine et son inséparable binôme Philippe sont déjà en explo dans les entrailles du Liban. Nous choisissons la proue pour commencer. J'adore cette lumière douce qui baigne ce tas de féraille à l'histoire si tragique. Un gros loup me passe devant, je l'éclraire mais me ravise, préférant la relative clarté bleue sombre, mystérieuse et naturelle, à la lumière crue d'un phare surpuissant! Quelques coups de palmes, nous voici devant la proue, je prends du recul, touchant le sable. Un instant, je cesse d'expirer pour laisser place au silence absolu. Une colonne de poisson "meuble" l'arrière plan. Communion intime avec les éléments qui m'entoure. Je ne regrette pas mon appareil photo. Certes il est en panne. Certes il y'aurait de magnifiques clichés à rapporter. Mais vivrais-je les choses aussi pleinement? J'ai des doutes... et la suite de cette plongée particulière viendra me le confirmer, quand chemin faisant vers la poupe et après quelques incursions dans les tôles du navire nous tombons sur Véro et sa palanquée, eux-mêmes tombés en extase devant un drôle de bestiau: Mister Mola-Mola himself! Pas à 10 métres, pas de manière furtive, non! Les trois lascars sont là, à l'arrière de l'épave, bien installés à le regarder se faire nettoyer par les sars du coin. Un peu comme une projection ciné plein-air de fin d'été!

P

Photo Archive de M. Morand pour tout de même avoir une photo

Aucun de nous six n'en revient. Nos regards en disent longs. Ne pas en perdre une seule miette. L'instant est rare, magique, et pour moi absolument unique! Ce poisson lune n'est pas bien grand mais il est si proche. Nous pourrions presque le toucher en tendant le bras! Farouche? Aucunement! Ah si, quand nous sommes arrivé il esquissa un semblant de fuite, puis trop heureux de se donner en spectacle il revint occuper la scène, à la grande joie de six gosses - pour la plupart quasiment cinquantenaire - qui n'en demandaient pas tant. A telle enseigne que Véro et sa clique s'en allèrent rejoindre leur palier avant la fin du show, nous laissant là face à cette étrange être venu des profondeurs. Depuis le temps que je rêvais de le voir si près, de lui tourner autour, de l'osculter presque sous toutes les coutures!

Lui, impérturbable, se faisant faire sa toilette, nous laissa en profiter jusqu'au bout.

Après cinq ou dix bonnes minutes de cette exquise séquence sous-marine, il décida de mettre fin à la représentation et s'éloigna tranquillement. Le bleu obscur avait envahi la carcasse de notre épave fétiche. Il était temps de se réveiller et de remonter faire nos neuf minutes de palier. Un temps interminable d'habitude, mais qui en l'état des choses fut une merveilleuse occasion de se repasser le film!

Vous ne verrez aucune image de ce que nous avons vécu. Je dis bien vécu, bien au-delà de la simple vision.

Il y'avait ce soir-là une intense émotion, une parfaite symbiose, un équilibre fragile qu'aucune photo ne rendra jamais. Et c'est un homme d'images qui le dit!

Sur le bateau, les superlatifs fusent. Chacun rivalisant avec les mots que nos sensations abyssales nous imposaient!

Moteur. Thierry à la barre nous ramène. Le Soleil au ras de l'horizon lance son dernier rayon sur Maire avant de prendre congé.

Et "notre" Mola, sera-t-il encore là une prochaine fois?

Réponse Normande obligatoire!