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En ce samedi matin 16 mars 2019, Frédéric, Marc et Jean-Claude ont prévu une balade de "Callelongue" à la calanque de la "Mounine". Entre-temps, ils sont rejoints par Frédéric II, colonel de gendarmerie à la retraite.

Ce sont donc quatre "Mousquemorses" - accompagné de Serge en début de parcours - qui longent le littoral en suivant le tracé du GR 98-51, celui-ci correspond à l’ancien chemin des douaniers de la calanque de Callelongue.

Sachant que l'île de Riou était devenue le paradis des contrebandiers vers la fin du Premier Empire, est-ce de ce temps-là que date - le long de la côte - le sentier de la douane, ou plus exactement l'ex sentier des batteries ?

Avec la vue sur les îles toutes proches, une végétation « sudiste », de la roche calcaire, la bande des quatre est séduite par cette petite balade.

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Un certain vendredi matin, le 14 septembre 2018, dans la calanque de la Mounine quatre hectares de végétation sont partis en fumée malgré la mobilisation de quatre-vingts marins-pompiers ainsi que quatre Canadair et un bateau pompe. Car l’endroit est extrêmement compliqué d'accès et c'est pour cette raison que le Bataillon des marins pompiers n’a pas hésité à engager des moyens nautiques et aériens de lutte pour circonscrire au plus vite les flammes.

Incendie La Mounine Incendie 2 La Mounine

Nos quatre Mousquemorses sont désolés du triste spectacle offert par des pins d’Alep « anémomorphosés » (c’est-à-dire sculptés par le vent) brûlés. Ses pins étaient d’une grande beauté et participaient au caractère pittoresque des paysages de la calanque de la Mounine.
La Mounine abrite également des plantes très rares et protégées au niveau international. C’est notamment le cas de l’astragale de Marseille (1ère photo ci-après), du plantain à feuilles en alène (2ème photo), de la thymélée tartonraire (3ème photo) et du faux statice nain (4ème photo).

astragale pncal Plantain à feuilles en alène                    thymelaea tartonraira cpncal 2       Faux statice nain

Ces plantes fragiles qui poussent au plus près du littoral, ont une croissance lente et ont moins de chance de repousser après le passage du feu.

La calanque de la Mounine, mini calanque peu abritée, est la première rencontrée sur le sentier côtier. Son nom féminin tient à sa forme particulière qui signifierait « sexe de femme », un dérivé du mot « mona » qui signifie « guenon » ; le mot mona venant lui d’un mot arabe « maimun » qui veut dire « singe ». Il existe aussi une variante avec « moumoune ».

Pour un Marseillais, « couillon de la mounine » signifie simple d’esprit. Exemple concret chez les Morses : « Vé le, ce couillon de la mounine qui ne fait pas la différence entre un 51 et un Casa ».

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La calanque peu profonde fait aussi penser à un petit aquarium. A sa sortie, la profondeur devient plus importante et le reste jusqu'à l'îlot de la Mounine. A partir de cet îlot apprécié des pêcheurs mais parfois soumis à de violents courants commence le plateau des Chèvres (profondeur d’environ 10 mètres) qui relie la côte aux îles de Jarre et Jarron situées en face.

Le sentier s’élargit et rapidement se profile pour nos quatre marcheurs une construction massive en pierre, surnommée à tort « l’amphithéâtre ».

Rien à voir avec une origine antique, il s’agit en réalité de la batterie de la Mounine,  construite en 1813 par Napoléon 1er pour accueillir 3 canons de 36 pouces sur affût de côte et un mortier de 12 pouces. 

En ce temps de guerres incessantes, la marine britannique, maitresse des mers depuis Gibraltar, appliquait un blocus féroce pour affaiblir la France. Ses frégates croisaient au large du port de Marseille et il fallait protéger les navires qui cherchaient à forcer le blocus.

                                         Batterie de La Mounine    

Le cadastre napoléonien de la ville de Marseille de 1820 renseigne sur le fait que les noms donnés aux lieux n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui.

Les calanques n’étaient probablement fréquentées que par ceux en charge de la protection de nos côtes : le sentier de la douane s’appelait le chemin de la batterie de Marseille Veire et la calanque de Marseilleveyre s’appelait la calanque de la batterie de Marseille Veire.

Juste après la batterie de la Mounine, les Mousquemorses découvrent un vestige du mur de la Méditerranée: un beau poste de tir allemand surnommé « tobrouk » car utilisé pour la première fois dans cette ville de Libye.

                                                                      Tobrouk à côté de Mounine

C’est un bunker individuel qui pouvait être armé d’une mitrailleuse, d’un mortier, d’un petit canon voire d’une tourelle de char ou tout simplement d’un fusil comme cela semble être le cas ici. Les Allemands qui aimaient les choses ordonnées avaient attribué le numéro 185 aux positions de défense de la calanque de Marseilleveyre.

L’arrivée à la calanque de Marseilleveyre est une occasion pour se désaltérer avec une menthe à l’eau chez le "Belge", sur la terrasse qui surplombe la baie.

C’est l’une des seules calanques de Marseille qui n’a ni eau courante ni électricité. On y trouve seulement une dizaine de petits cabanons et le bar restaurant du Belge (connu pour ses excellentes frites fraîches accompagnées de côtes de porc ou ses fameux spaghettis à la sauce bolognaise) qui doivent donc être approvisionnés régulièrement par la mer. En effet, la Calanque de Marseilleveyre est uniquement accessible par bateau ou à pied, ce qui contribue à son charme et en fait un véritable joyau caché.

Malgré sa taille modeste, la calanque de Marseilleveyre est appréciable pour sa vue imprenable sur l’archipel de Riou et sa petite plage de sable aux eaux turquoise. Elle est située au pied du sommet de « Marseilleveyre » (432m) qui signifie « voir Marseille ». Le climat aride dû à l’ensoleillement important laisse ici place à une végétation composée essentiellement d’aloès, de figuiers de barbarie et de plantes grasses.

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Bien que ce ne soit pas le Mont-Blanc, dotez-vous de bonnes chaussures de marche avant d’emprunter le sentier de la douane (ou le chemin des douaniers) de Callelongue ; les passionnés d’Histoire préférant sans doute évoquer le chemin des batteries de Marseille Veire.